L’industrie russe puis soviétique de la fin du XIXème siècle au milieu du XXème siècle

Publié le par Itamarandiba

L’industrie russe puis soviétique
de la fin du XIXème siècle au milieu du XXème siècle

 

Fiche réalisée par C.Augé, C.Dhorne et A.Hiard

ECS1 2008-2009

Lycée Chateaubriand

Rennes

 

 

Introduction

 

Au XIXème siècle la Russie est un immense pays au territoire non encore achevé et dont l’industrie est en retard par rapport à celles de toutes les puissances européennes. L’Empire Russe est un territoire à dominante agraire et peuplé majoritairement de paysans. Et pourtant, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’URSS possède une industrie spécialisée mais performante qui contribue à son rayonnement dans le monde. Comment est-on passé d’une industrie embryonnaire et disparate à une industrie massive et omniprésente tout au long de la période (fin XIXème siècle au milieu du XXème siècle) ?

Nous commencerons par aborder le rôle de l’Etat dans l’industrie puis nous étudierons les caractéristiques de cette industrie et nous finirons par évoquer le bilan social et économique de cette industrie tout au long de la période.

 

 

I.    L’évolution du rôle de l’Etat dans l’industrie et le financement de l’industrie.

 

L’Etat a toujours été au cœur du développement industriel en Russie puis en URSS.

 

A.             Engagement de l’Etat et financement de l’industrie de la fin du XIXème siècle à 1917.

1.               A la fin du XIXème siècle, des conditions sont manquantes pour le take-off de l’industrie.

 

o       Pour ce qui est des conditions humaines : d’une part, il existe un manque de main-d’œuvre industrielle, car les paysans représentent 85% de la population active et sont immobilisés dans les campagnes dans le cadre du mir. De plus, ces paysans sont miséreux et donc n’offrent que des débouchés très réduits pour l’industrie. D’autre part, il manque une classe d’entrepreneurs, la bourgeoisie étant minime et la noblesse vivant de ses terres.

o       Pour ce qui est des retards techniques : Les capitaux sont en quantité insuffisante, les moyens de production archaïques, par conséquent les productions sont minimes (par exemple, la production russe d’acier équivaut à 5% de la production britannique). Il n’existe pas de réseau bancaire moderne, les moyens de communication et de transport sont sous-développés (ce qui est d’autant plus gênant étant donné que certaines ressources à l’Est de l’Oural ne sont donc pas exploitées). Enfin, le choix  d’établissement des droits de douanes très faibles en 1850-1860 a pour conséquence une concurrence européenne sur le marché national déjà restreint.

2.               Dans les années 1880, l’industrie démarre grâce à l’Etat.

o       Alexandre III et son ministre Serge Witte veulent moderniser le pays, car le prestige de la Russie dépend de sa puissance militaire qui elle-même dépend de la puissance économique. En raison du manque de capitaux et des retards techniques, ils font appel aux Occidentaux.

o       Des mesures sont mises en place par l’Etat pour attirer investisseurs et entrepreneurs européens : des taux d’intérêt élevés ; une monnaie solide (adoption de l’étalon-or en 1897, des politiques budgétaire et d’émission monétaire strictes) ; la sécurité des investissements, c’est-à-dire la paix sociale, la garantie d’une main d’œuvre bon marché, garantie de débouchés (politique d’équipement et d’armement).

o       Ainsi, de nombreux entrepreneurs et techniciens s’installent en Russie, de grands groupes comme Siemens, Krupp, Bayer ou Schneider y installent des usines. Cependant, l’engagement des Européens dans l’industrie russe prend surtout la forme d’investissements : la moitié des investissements privés en Russie sont étrangers, notamment en provenance de France (20%) et du Royaume-Uni (13%), et vers les matières premières (mines ukrainiennes par exemple) et les industries métallurgique et sidérurgique (en raison de la demande de l’Etat).

o       Pour financer l’industrie, l’Etat a également recours à l’emprunt, surtout national (un peu plus que la moitié) et avec la France (35%), ceci dans le cadre de l’Alliance franco-russe de 1892.

 

→L’Etat permet le décollage de l’industrie en ayant recours aux capitaux européens. (En 1913, plus de 50% du capital bancaire et industriel est aux mains d’étrangers).

 

 

B.              De 1917 à 1928, le communisme de guerre puis la NEP

                                                                                                                                   

La Révolution d’octobre 1917 est une rupture politique et économique extrêmement importante en Russie : la mise en pratique de la théorie marxiste va lui suivre.

1.               La mise en place du « communisme de guerre »

Le Décret sur la Paix est décrété en novembre 1917, la paix séparée est signée le 3 mars 1918. Mais la guerre civile s’ensuit, de 1919 à 1921. Le régime étant gravement menacé, des mesures autoritaires sont prises pour permettre l’équipement de l’Armée Rouge (réquisitions, nationalisation de l’économie, durcissement des conditions ouvrières…)

 

2.               Un pays exsangue en 1921 : la nécessité de la NEP (Nouvelle politique Economique) et l’industrie pendant la NEP.

Le bilan des années 1914-1921 est catastrophique sur le plan humain comme économique. Suite aux destructions, aux occupations et au fait que l’organisation des entreprises ait été confiée aux ouvriers non formés à cela, la production industrielle s’est effondrée : en 1920, elle équivaut au dixième de celle de 1913 ! Il est donc nécessaire de redresser l’économie. C’est à cette fin que Lénine décide la réintroduction partielle du capitalisme en 1921 à travers la NEP, le « repli stratégique » supposé permettre le redémarrage économique.

Pendant la NEP, les entreprises privées de moins de 20 salariés sont autorisées. Cependant les secteurs stratégiques, comme le transport, la sidérurgie etc nécessitent des investissements importants et demeurent aux mains de l’Etat. L’Etat met en place un politique d’investissement importante, centrée sur l’industrie.

3.               Bilan : l’industrie en 1928

En 1928, l’URSS a vu une hausse très importante de la production et des efforts d’électrification, mais le niveau de 1913 est tout juste atteint en raison d’une productivité qui est toujours faible. La production reste minime à l’échelle mondiale, la part de l’URSS dans le commerce mondial est en baisse

 

C.              De 1928 à 1953, Staline dirige l’industrie d’une main de fer

 

Bien que Staline se présente comme le successeur de Lénine, son arrivée à la tête de l’URSS est une véritable rupture : il veut industrialiser le pays car il considère que l’industrialisation est indispensable pour assurer la survie de l’URSS et pour constituer la société communiste. Il veut donc transformer en profondeur la structure économique de l’URSS, de pays agricole et arriéré en une grande puissance industrielle concurrençant les pays industrialisés capitalistes. En 1928, Staline est seul au pouvoir et a décidé la fin de la NEP dès 1927.

 

1.               L’industrialisation à marche forcée : le financement

La propriété privée est abolie et les investissements sont orientés vers l’industrie. Ces investissements sont supportés par les prélèvements massifs sur les paysans : l’Etat achète des produits agricoles à bas prix, dans le cadre de la collectivisation forcée, et les revend plus cher dans les villes. De grandes entreprises, les combinats, mettent en relation les entreprises complémentaires.

 

2.               Le fonctionnement de l’industrie : une administration lourde et rigide

L’économie est totalement planifiée par des plans quinquennaux. Un énorme ministère, le Gosplan collecte les informations et les communique au pouvoir qui prend des décisions qualitatives, le Gosplan élabore les objectifs de façon quantitative, ils sont ensuite ratifiés par le pouvoir. Chaque entreprise reçoit des objectifs impératifs (bien que trop exigeants) et extrêmement précis : entre 200 et 300 indicateurs lui indiquent le nombre d’employés et les quantités de matières premières dont elle a besoin, les entreprises avec lesquelles elle doit travailler etc.

 

3.               L’industrie à l’aube de la Seconde Guerre mondiale et pendant le conflit :

En 1939, l’industrie a connu une croissance très importante, supérieure à celle des puissances occidentales : la production est multipliée par 7 entre 1928 et 1938. L’URSS est devenue la troisième puissance industrielle au monde.

La politique d’armement a démarré avec le troisième plan quinquennal de 1937 et s’accélère en 1939 (les dépenses en armement représentent le cinquième du produit national en 1941, année de l’entrée en guerre de l’URSS).

L’économie est réorientée par le régime vers une économie de guerre, centrée sur l’armement. La production d’avions soviétique équivaut à la moitié de celle des Etats-Unis et l’URSS produit plus de chars qu’eux. La production d’armes  soviétique dépasse celle de l’Allemagne nazie. Après-guerre, ces efforts feront de l’URSS le plus grand constructeur d’armes et lui procureront la plus grande croissance au monde.

 

 

Transition I => II :

Pendant toute la période, l’Etat est à l’initiative de l’industrialisation et dirige l’industrie d’une main de fer. On peut donc penser que l’idéologie soviétique, associée à un dirigisme étatique important, entraîne une caractérisation spéciale de l’industrie soviétique : nous allons donc étudier les spécificités de l’industrie russe puis soviétique sur la période.

 

 

II.             Déséquilibres géographiques et sectoriels

 

A.            Le déséquilibre géographique tend à diminuer

 

  • A l’époque tsariste (Alexandre III et Nicolas II ), l’industrialisation s’est faite très ponctuellement : l’industrie lourde surtout en Oural, la sidérurgie en Ukraine car on y trouve du charbon et du fer, l’industrie textile est essentiellement présente à Moscou et à St Petersburg +  Bakou pour le pétrole.

 

  • La géographie industrielle évolue sous Staline avec des efforts faits en matière de transports : développement des infrastructures de transports avec l’extension du Transsibérien vers l’Asie Centrale, la création du transcaucasien, du Türksib (qui relie le Turkménistan à la Sibérie), création du système des 5 mers. (Caspienne, Blanche, Noire, d’Azov, Baltique + une extension vers Moscou)

De nouvelles régions industrielles se développent, des villes industrielles naissent ainsi le long du Transsibérien (bassin du Kouzbass, ville de Tchéliabinsk), en Ukraine (bassin du Donbass), on continue la mise en valeur de l’Oural ainsi que la mise en valeur de l’est.

 

  • Au cours de la 2° GM : suite à l’avancée des troupes allemandes sur le territoire soviétique (plan Barbarossa), les entreprises et le matériel sont déplacés vers l’Oural et vers la Sibérie. Au total, plus de 1300 entreprises ont été déplacées ainsi que 10 à 20 millions de Soviétiques. Ainsi, de nouvelles régions jusqu’alors non occupées vont se développer, de nouvelles villes apparaissent. A l’est de l’URSS on entame la construction de nouvelles voies ferrées, de centrales électriques, et on développe l’exploitation pétrolière.

Cela a permis le développement des régions orientales et a accéléré le mouvement d’industrialisation de l’est commencé au XIXème siècle.

 

 

B.             Un déséquilibre sectoriel : une industrie surtout en faveur des industries de base comme industrie textile (au début) et industrie lourde

 

  • Sous les Tsars : en 1913 : croissance de l’industrie lourde, elle représente 40% des emplois industriels (surtout la sidérurgie) et l’industrie textile représente 30% des emplois industriels. Ce sont surtout des industries de la 1° RI alors que les industries de la 2° RI restent faibles (= industries de biens de consommation). Mais, la Russie reste surtout un pays agricole et rural : 75% de la population active travaille dans le secteur primaire en 1913. En 1916 il y a 3 millions d’ouvriers à temps complet en Russie, ce qui reste faible. Cette industrialisation s’est faite sous le signe de la concentration. Ainsi, plus de 50% des ouvriers évoluent dans des structures qui regroupent plus de 500 salariés (pas exemple, Poulitov emploie  12 000 personnes à St-Petersburg en 1910).

 

Sous Staline :  Au cours du premier plan, la priorité n° 1 est donnée à l’industrie, surtout l’industrie lourde qui totalise 80% des investissements attribués à l’industrie. La main d’œuvre industrielle est alors abondante. Toutefois, l’industrie de consommation est en retard (car sacrifiée au profit de l’industrie lourde), car l’URSS présente un retard technologique ainsi qu’une insuffisance des transports, une absence de coordination entre les secteurs industriels et enfin en raison de la crise économique mondiale on ne peut plus faire appel aux crédits des pays occidentaux. Les industries de consommation et de transformation vont davantage se développer au cours du deuxième plan. Dans le cadre du troisième plan, l’URSS va se réarmer (favorise l’industrie lourde).

On remarque tout au long de ces années staliniennes un effort particulier en direction de l’industrie et en particulier de l’industrie lourde qui a tendance à accroître nettement les disparités sectorielles au cœur de l’industrie soviétique. L’industrie apparaît alors comme LE moyen d’amener l’URSS vers une puissance pouvant rivaliser avec les autres puissances du moment (cette évolution est facilement expliquée par l’orientation idéologique voulue par Staline et qui influe nécessairement sur l’industrie).

 

Du fait de la volonté d’armement et de puissance de l’URSS, on favorise l’industrie lourde. D’un autres côté, comme l’industrie de biens de consommation est en retard, il y a des pénuries en URSS.

Ainsi tout au long de la période, les déséquilibres géographiques tendent à se résorber alors que les déséquilibres sectoriels deviennent au contraire de plus en plus marqués.

 

 

Transition :

 Pendant la 2° GM la production à diminué d’environ 20%. Mais l’URSS va se reconstruire assez rapidement. En 1950 quasiment toutes les productions ont augmentées, surtout pour l’industrie lourde dans le cadre du quatrième plan. Après la guerre, l’URSS devient également un grand fabricant d’armes, le deuxième mondial, et comme on l’a vu, la guerre a favorisé l’industrialisation de l’est (région de l’Oural).

 

III.          Le Bilan: un bilan mitigé du point de vue social et industriel

A.            La condition des travailleurs de l’industrie affectée par les grands changements de l’industrie tout au long de la période.

 

L’Empire Russe n’a jamais été un pays à forte tradition ouvrière. (85% de paysans à l’arrivée d’Alexandre III), on peut tout de même remarquer une certaine mutation de la population tout au long de la période. La population ouvrière a tendance à augmenter même s’il faudra attendre les années staliniennes pour que la population ouvrière pèse un vrai poids ! (1/3 de la population active).

Sous les Tsars Alexandre III et Nicolas II, la condition ouvrière est remarquablement difficile et précaire malgré la volonté d’industrialisation du pays surtout affichée par Alexandre III. Ainsi la population ouvrière va passer de 250 000 ouvriers à 3 millions entre 1830 et 1913 ce qui représente un remarquable avancée mais dérisoire face au 12 millions d’ouvriers que compte par exemple le Royaume-Uni. Cette population ouvrière miséreuse toujours croissante vient s’entasser dans des baraquements insalubres, des quartiers ravagés par les épidémies régulières. Elle reçoit des salaires très faibles comparés à ceux des ouvriers des grandes puissances du moment (salaires 3 fois plus faibles qu’en France et 10 fois plus que dans les usines de Ford à Detroit). La législation la concernant est longtemps inexistante, il faudra attendre 1897 pour que le travail des moins de 15 ans soit limité à 9 heures par jour et 1905 pour que le travail soit limité à 10 heures par jour. En 1913, grèves et syndicats sont interdits et font l’objet de répressions et de déportations. Les ouvriers seront d’ailleurs amenés à se rebeller contre l’autorité à plusieurs reprises et notamment durant l ‘année 1905 (agitation pendant plus d’un an) en particulier à la suite de l’incident du 22 janvier 1905 (1000 manifestants tués lors du « Dimanche Rouge »). La condition ouvrière est donc particulièrement difficile sous les tsars qui veulent développer l’industrie mais ne cherchant que la rentabilité et la stabilité ils ne reconsidèrent pas la condition ouvrière et n’hésitent pas à exercer des sanctions sur les ouvriers. Mais à la suite du changement de régime et d’idéologie, à la suite de la révolution de 1917, la condition ouvrière va d’abord empirer et s’améliorer de façon considérable ce qui s’expliquera par les changements d’orientations idéologiques qui affecteront directement l’industrie et ses ouvriers.

Suite à la révolution de 1917, les ouvriers vont se voir attribuer la direction de leurs usines dans le cadre des décrets de novembre mais cette amélioration ne sera que de courte durée car devant la menace représentée par la guerre civile (1919-1921) et l’incapacité des ouvriers à diriger correctement les usines, leur pouvoir sur ces dernières leur sera retiré. Pendant la guerre civile, leur condition va empirer, ils seront obligés de travailler (instauration du travail obligatoire dès 16 ans) dans les conditions d’une industrie militarisée pour faire face aux besoins en équipements engendrés par la guerre civile (la grève est assimilée à une désertion et entraîne l’exécution, les ouvriers sont victimes de rationnements, de mesures autoritaires… à cause de tout cela beaucoup d’ouvriers repartiront pour la campagne pendant cette période). Tout ceci prendra fin quand le régime sera sauvé en 1921 et que Lénine s’orientera vers la NEP qui verra le retour limité du capitalisme. Ainsi en 1928 les ouvriers représenteront (avec le secteur commercial) 17% de la population active. Mais les plus grands changements et la revalorisation de la condition ouvrière interviendront surtout sous Staline et pendant la mise en place véritable du communisme qui, s’appuyant en théorie sur une forte base ouvrière, verra une reconsidération de la condition des ouvriers. Ainsi sous Staline, malgré les méthodes toujours autoritaires, les journées longues, la discipline rigoureuse et les punitions, les ouvriers deviennent les privilégiés du régime et leur proportion dans la population active atteint le tiers et les ouvriers bénéficient d’avantages considérables comme l’accès aux restaurants d’entreprise, la possibilité de pratiquer des loisirs, de bénéficier d’aides sociales…

Il existera, au sein de la classe ouvrière, des inégalités par exemple de salaires (entre les simples ouvriers, les contremaîtres, les ouvriers de choc (ce sont les plus performants qui bénéficient d’avantages matériels, de salaires et des titres honorifiques et contribuent à l’émulation socialiste qui doit conduire tous les ouvriers à produire plus (l’exemple le plus connu est celui de Stakhanov)). Leur condition va d’autant plus s’améliorer que des nouveaux droits leurs sont accordés tels que le droit au travail, au repos, à l’emploi, de réunion, la liberté de penser, de s’exprimer, de culte…Ces droits seront officiels mais en pratique, ils seront appliqués que si ils suivent la ligne du régime.

Ainsi l’évolution idéologique marquant cette période (et en particulier les parties concernant les objectifs de l’industrie) va profondément affecter la condition des travailleurs de l’industrie qui va dans l’ensemble s’améliorer du fait de l’importance de l’industrie dans l ‘économie russe puis soviétique et de la place majeure occupée par le prolétariat ouvrier dans l ‘édification du communisme.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, leur situation va se dégrader sensiblement à cause de la nouvelle donne. Beaucoup devront être déplacés (avec leurs usines) vers l’Est face à l’avancée des troupes allemandes, le temps de travail sera considérablement augmenté (plus de 70 heures par semaine), les femmes seront fortement mobilisées ainsi que les retraités et les écoliers et les mesures autoritaires seront renforcées.  Mais la mobilisation des ouvriers pendant la guerre permettra à l’URSS de produire massivement.

 

B.             Une montée en puissance de l’industrie russe puis soviétique.

 

De la fin du XIXème siècle au milieu du XXème l’industrie russe puis soviétique va occuper une place toujours plus importante dans l’économie et va, malgré certaines carences, s’imposer comme une industrie puissante au niveau mondial et contribuera de façon capitale au rayonnement de l’Empire Russe puis de L’URSS dans le monde.

A la veille de la première guerre mondiale, l’industrie russe connaît un essor remarquable avec des taux de croissance de 8% en moyenne entre 1890 et 1914, elle se hisse à la 5ème position juste derrière l’industrie Française avec ses 5% de la production industrielle mondiale. L’industrie occupe une place de plus en plus importante dans l ‘économie russe. L’industrie russe est donc en plein essor et en pleine santé mais le passage de la première guerre mondiale et de la guerre civile qui ravageront le pays pendant 7 années consécutives la mettront à genoux. L’économie sera affectée par ces guerres et en particulier l’industrie qui subira des pertes considérables de personnels (ayant été tué, ayant fuit ou étant réparti pour les campagnes…) et d’infrastructures. La production industrielle en 1921 représente en valeur 10% de celle de 1913. Pour illustrer cela on peut donner les chiffres de la production de fonte qui passent de 4.2 millions de tonnes à 0.1, ceux de la production d’acier (de 4.3 à 0.2) et ceux concernant le ciment (1.8 à 0.06).

Cette situation catastrophique doublée de l’agitation sociale motivera le choix de la NEP par Lénine. Cette dernière amènera des changements dans l’économie et du point de vue industriel sera bénéfique dans une certaine mesure. Voyons quel est son bilan sur le plan industriel. L’industrie redémarre à l’image de la production d’acier qui retrouve son niveau de 1913 et de l’électrification importante du pays mais on se contente de rattraper les niveaux de 1913 (et encore pas tout le temps). L’industrie dont la part avait reculé dans le monde regagne du terrain mais ses productions restent encore ridicules face à celles de grandes puissances comme les Etats-Unis (552.3 millions de tonnes de houille en 1928 contre 35.4 pour les soviétiques).

Ce retour aux niveaux de 1913 donne à Staline une industrie en plein essor à son arrivée au pouvoir en 1928, industrie qu’il ne manquera pas de solliciter pour arriver à un résultat convaincant à bien des égards. A la veille de la seconde guerre mondiale, l’URSS est devenue une grande puissance industrielle avec une production industrielle multipliée par 7 entre 1928 et 1939, elle est devenue la 3ème puissance industrielle mondiale derrière les Etats-Unis et l’Allemagne nazie et elle continue à croître de façon continue pendant cette période malgré la crise mondiale et les difficultés traversées par les autres industries à travers le monde.

Cette croissance est soutenue par l’association en combinats d’entreprises travaillant dans un même secteur pour former des industries immenses et performantes. Une croissance s’axant majoritairement, comme tout au long de notre période sur une industrie lourde performante et la réalisation de grands travaux et de mises en valeur du territoire. Cette croissance est importante mais tout de même orientée et ralentie par les problèmes liés au GOSPLAN et à des faiblesses structurelles. Ainsi l’industrie des biens de consommations est sacrifiée au profit de l’industrie lourde, les réseaux de transports sont encore insuffisants et entraînent des blocages (problèmes de ravitaillements… qui pèsent sur le développement industriel de l’URSS), le GOSPLAN est une grosse machine administrative qui impose des quotas de production trop élevés et impose aux entreprises les partenaires avec lesquels elle doit travailler (mais elle fait parfois des choix douteux qui entraînent une perte d’efficacité du système) et fixe des quotas mais pas de critères de qualité ainsi on assiste à beaucoup de gaspillage et à la production de matériels non utilisables… La production industrielle est donc massive mais n’utilise pas toutes ses ressources.

 Malgré ces faiblesses, l’industrie soviétique saura s’adapter à la Seconde Guerre mondiale et produira massivement pendant cette dernière. Malgré son retard initial, l’industrie soviétique produira massivement pendant la Seconde Guerre mondiale parvenant même à dépasser la production américaine dans les dernières années du conflit. Elle produit 40 000 avions et 29 000 chars (par an) par exemple à la fin de la guerre surpassant tous les acteurs en présence et tout cela malgré les destructions occasionnées par l’avancée allemande considérable sur le territoire soviétique. L’URSS va se reconstruire assez rapidement. En 1950 quasiment toutes les productions ont augmenté, surtout pour l’industrie lourde dans le cadre du quatrième plan. Après la guerre, l’URSS devient également un grand fabricant d’armes, le deuxième mondial, et comme on l’a vu, la guerre a favorisé l’industrialisation de l’est (région de l’Oural). L’industrie continue dans son élan et tourne rapidement à plein régime.

Pendant toute la période, l’industrie russe puis soviétique prend de plus en plus de place dans l’économie pour finir par être LE secteur symbolisant la puissance de l’URSS à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

 

N .B : Le commerce extérieur industriel de la Russie puis de l’URSS sera dérisoire voir quasi-inexistant tout au long de la période.

 

 

Conclusion :

 

L’industrie russe puis soviétique de la fin du XIXème au milieu du XXème va donc se développer et occuper une place de plus en plus importante dans l’économie russe puis soviétique ainsi que dans le monde, répondant se faisant aux volontés des différents dirigeants qui se sont succédés et ont a leur manière orienté cette industrie. Malgré ses faiblesses et ses déséquilibres sectoriels et géographiques récurrents, l’industrie, emmenée par une industrie lourde performante, contribuera au prestige et au rayonnement de l’URSS à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle connaîtra des hauts et des bas mais au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’industrie soviétique sortira grandie et renforcée et sera l’un des éléments majeurs de la domination soviétique et de son rayonnement sur le monde. Cette guerre débouchera sur la guerre froide au cours de laquelle Américains et Soviétiques se feront face et se partageront le monde, l’industrie soviétique sera alors, grâce à ses succès, un atout (du moins au départ) pour les soviétiques dans leur combat contre le capitalisme.

 

 

Publié dans Fiches de colle

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